Warrington, 1870 [Oeuvre principale]

Aristide Cavaillé-Coll, orgue de Warrington (1870)
L'orgue a été initialement fabriqué pour la salle privée de John Hopwood à Bracewell. La construction de cet orgue de salon exceptionnellement grand a eu lieu dans l'atelier d'Aristide Cavaillé-Coll à Paris pendant 1869-1870. Avant l'expédition vers l'Angleterre, l'orgue terminé a été érigé dans l'atelier de Cavaillé-Coll sur l'Avenue du Maine et le facteur d'orgues a organisé une série de concerts, qui ont été interprétés par les principaux organistes parisiens de l'époque - une liste notable contenant Camille Saint-Saëns, Charles-Marie Widor, et Alexandre Guilmant.

Après son arrivée en Angleterre, l'instrument a été érigé dans le "cottage" rural de John Hopwood en novembre 1870 et y a été harmonisé sous la direction de Felix Reinburg, l'harmoniste préféré de Cavaillé-Coll. Il occupait une grande partie de la salle de musique, et a été inauguré par le Dr William Spark de Leeds qui y a donné trois concerts les 7-9 novembre 1870. L'orgue avait 3 claviers et 41 jeux, et était l'un des premiers instruments de Cavaillé-Coll à avoir deux boîtes expressives : à la fois le Positif et le Récit sont enfermés.

Bien que cet orgue soit grand, surtout pour un orgue de salon, l'harmonisation est soigneusement réalisée pour ne pas submerger l'auditeur. Le design global est également notable pour le placement de certains jeux - par exemple, le Hautbois et la Voix Humaine sont situés sur le Positif plutôt que leur position habituelle sur le Récit. De plus, il est remarquable que le design original ne comportait pas un seul jeu d'aliquot; aucun Cornet, Nazard, Larigot, ou Tierce à trouver nulle part. Mais il y a une richesse de jeux de fondation dans des couleurs variées, permettant d'innombrables ensembles et timbres orchestraux.

Plus tard, Hopwood a décidé de déplacer l'instrument dans son nouveau domaine à Ketton. La nouvelle maison était plus vaste que Bracewell et la salle de musique était quelque peu plus grande, mais l'orgue occupait toujours environ 1/3 de la pièce. Après le déménagement, l'orgue a été agrandi par Cavaillé-Coll lui-même. Il a gagné un véritable Subbass 32 (remplaçant ce qui était auparavant un Resultant), et un Violon 16 et Diapason 8 ont également été ajoutés à la pédale. De plus, un Diapason 8 a enrichi la liste des jeux du Récit, et un Dulciana 8 a été ajouté au Positif. Cependant, les tuyaux du Dulciana ont été remplacés plus tard par un Dulciana anglais plus délicat, une corde encore plus douce demandée par la musique anglaise contemporaine. En 1878, Cavaillé-Coll a été chargé de changer l'Octave 4 du G.O. en une Octave 2. À l'origine, conformément au style de Cavaillé-Coll, l'orgue avait à la fois un Prestant 4 et une Octave 4 sur le G.O.

Un an plus tard, le facteur d'orgues londonien Thomas Lewis a ajouté deux mixtures : une Mixture Echo au Positif, qui est une progressio harmonica de 6 rangs de timbre de corde (8 + 4 +2 2/3 + 2 + 1 1/3 + 1); et une Mixture de 6 rangs pour le Récit. Les deux mixtures sont actionnées à partir de petites sommiers ajoutés et ont un appel séparé.

Avec ces derniers changements, le développement tonal de l'instrument a atteint sa forme actuelle. En 1926, après la mort de M. Hopwood, l'orgue a été déplacé vers une nouvelle maison dans le théâtre de Warrington, Parr Hall, où il réside encore aujourd'hui. L'orgue a été déplacé par Henry Willis & Sons, et ré-érigé sans modifications supplémentaires. L'orgue a été inauguré par Wilfred Sanderson, et un mois plus tard un concert a été donné par Marcel Dupré.

En 1972, Henry Willis & Sons a été chargé de restaurer l'instrument. Mais ce n'était pas une restauration pure; à cette occasion, les actions de clé à levier Barker et les actions mécaniques des jeux ont été changées en action électro-pneumatique. De plus, parce que la construction des mixtures par Lewis permettait de tirer des rangs individuels séparément, deux rangs ont été utilisés comme jeux dérivés (le Larigot 1 1/3 sur le Positif, et Nasard 2 2/3 sur le Récit). Quelque temps plus tard, ces deux jeux ajoutés ont été supprimés par un facteur d'orgues inconnu, mais deux flasques en bois sont restées sur la console où les boutons de jeux avaient été localisés. Ces "blancs" ont été utilisés lors de la conception des écrans Hauptwerk, de sorte que l'utilisateur peut tirer ces deux jeux en tirant ces flasques en bois sans étiquette.

L'orgue est entretenu aujourd'hui par David Wells Organ Builders de Liverpool. Il n'a pas eu de restauration substantielle depuis les 50 dernières années, et il en a besoin. L'orgue est rarement utilisé par la communauté locale, mais il reste entièrement jouable à l'exception de plusieurs tuyaux ici et là, qui ont dû être dérivés numériquement à partir du matériel audio enregistré environnant lorsque l'ensemble d'échantillons pour Hauptwerk a été préparé.

L'orgue est le seul travail restant de Cavaillé-Coll en Grande-Bretagne qui est dans un état proche de l'original. Cet orgue est parfait pour s'adapter à toute la musique d'orgue symphonique française du 19ème siècle et il peut également rappeler le son de l'orgue de concert du Palais du Trocadéro, qui a été inauguré seulement quelques années plus tard.



Lectures complémentaires :

Gerald Summer : L'orgue Cavaillé-Coll de Bracewell (1870) et son transfert à Ketton (1875) puis au Parr Hall de Warrington (1926); The Cavaillé-Coll Organ at Bracewell hall (1870), Ketton Hall (1875) and the Parr Hall at Warrington (1926), édition bilingue Français-Anglais, La Flûte Harmonique, Publication de l'Association Aristide Cavaillé-Coll, Numéro 99, Année 2017.